La Rocque, François de

Né le 6 octobre 1885 à Lorient, descendant d’une famille originaire de Haute Auvergne, fils du général d’artillerie de marine Raymond de la Rocque.

Il entre à Saint Cyr en 1905, sert en Algérie aux confins du Sahara puis à Lunéville (1912).

Appelé en 1913 par Lyautey au Maroc, il demeure jusqu’en 1916 officier des affaires indigènes. Grièvement blessé, il est rapatrié en France mais repart volontairement dans les tranchées de la Somme pour commander un bataillon. Avec dix citations au combat, il est affecté après la guerre à l’état-major interallié du Maréchal Foch. Après une affectation à la tête de la mission militaire française à Varsovie (1921-22), il devient chef du 2ème bureau au Maroc lors de la campagne contre Abd el-Krim.

Lieutenant-Colonel, François de la Rocque démissionne de l’armée en 1927. Il entre en 1929 aux Croix de Feu, association fondée préalablement à son arrivée et réservée aux seuls décorés de la croix de guerre. Il en devient le Président en 1932 pour y développer un «Mouvement» ouvert désormais aux non décorés –les Briscards- à de plus jeunes –les Volontaires Nationaux- et aux femmes réunies en section.
Participant à la manifestation du 6 février 1934, les Croix de Feu s’abstiennent sur instructions de La Rocque, soucieux du respect de la légalité républicaine, de forcer l’entrée du Palais Bourbon et ne se mêlent pas à l’émeute de la Place de la Concorde.
Auteur de Service Public (Grasset, 1934), il lance le mot d’ordre «Social d’abord» à l’appui d’œuvres caritatives.
Il refuse en outre toute alliance avec l’extrême-droite, ce qui lui sera vivement reproché (cf. J’accuse La Rocque de Jean Renaud et Comment La Rocque a trahi de Maurice Pujo): il s’oppose ainsi à l’adhésion au sein du Front National des ligues (1935) et du Front de la Liberté (1937) proposé par Doriot, de même qu’à toute participation aux entreprises de la Cagoule. La Rocque sera un opposant avéré aux courants et discours antisémites (cf. Henri Coston: La Rocque et les Juifs: un nouveau scandale, 1937).
Le gouvernement de Front Populaire ayant dissous les «ligues», La Rocque fonde, aux côtés de Jean Mermoz, le Parti Social Français (P.S.F.)., dont le succès ne se dément pas, se transformant en union inter-fédérale en 1938: un million d’adhérents, 11 députés, 3000 maires.
Directeur du Petit Journal depuis 1937, La Rocque dénonce l’impréparation du pays à la guerre et crée en 1939 les «Artisans du Devoir Patriotique» (A.D.P.), accentuant la dimension civique et sociale de son parti.
Désavouant l’emprunt par Vichy de la devise «Travail, Famille, Patrie», La Rocque renonce à toutes activités politiques, rappelant que l’armistice «suspend la guerre mais ne la termine pas».

Il répète dans toutes ses interventions qu’aucune collaboration n’est envisageable avec l’Allemagne occupant militairement le pays. Il prescrit le «loyalisme à l’égard du Maréchal Pétain et la réserve absolue à l’égard du Gouvernement». Il veille parallèlement à faire échouer le projet de parti unique et à éviter l’absorption du PSF par la Légion des Combattants.

Il est le fondateur du réseau Klan (juin 1942) destiné à recueillir des renseignements militaires transmis aux services britanniques.
Interrogé une première fois en 1941 par les Allemands, La Rocque est arrêté le 9 mars 1943 - 150 cadres PSF sont appréhendés le même jour (Noël Ottavi, Vice-Président mort d’épuisement à Sandbostel) par la Gestapo. Le PSF est d’ailleurs officiellement dissous depuis novembre 1942 sur ordre du Général Oberg, commandant des S.S. en France.
Interné à Fresnes puis au Cherche-Midi, La Rocque est transféré à Eisenberg (Tchécoslovaquie) aux côtés de Pierre de Gaulle puis à Itter (Autriche) où il se retrouve comme otage des Allemands avec Edouard Daladier, Léon Jouhaux, Paul Reynaud et le Général Weygand notamment. Il y rédige Au service de l’avenir, livre paru en 1946.
De nouveau arrêté en France le 8 mai 1945 après sa libération par les Américains, La Rocque est interné sans mandat sur ordre du ministre de l’Intérieur, malgré la demande de libération notifiée par la commission de vérification des internements administratifs.
Il meurt des suites d’une intervention chirurgicale le 28 avril 1946 à Paris.
Quinze ans plus tard, jour anniversaire de la Déportation, le Général de Gaulle, Président de la République, fait remettre à Madame de La Rocque la médaille de déporté-résistant à titre posthume, précisant que «l’ennemi (lui) fit subir une cruelle déportation pour faits de Résistance, dont, je le sais, les épreuves et le sacrifice furent offerts au service de la France» (Le Monde, 30 avril 1961).

Hugues de la Rocque